Un dimanche soir à Istanbul

En vol pour Istanbul ! Après l’épisode Malaysian Airlines, j’étais un peu crispée à l’idée de prendre l’avion. D’habitude, c’est un moment que j’adore, surtout le décollage, mais là, avec mes deux voisines turques, une mère et sa fille, qui répétaient sans cesse « bismillah » pendant tout le début du vol… Je n'étais pas rassurée. Heureusement, les hôtesses de Turkish Airlines les ont calmées avec des loukoums et du café. Je n’avais jamais pris cette compagnie, que nous avions choisis surtout par rapport au prix (395 euros a/r vol direct Lyon-Istanbul en plein mois d’août et réservé en dernière minute), et j’ai été agréablement surprise. Bonne sélection vidéo, des séries turques bien kitsch pour se mettre dans le bain (Les séries turques sont les plus exportées au monde !), un petit repas pas mal du tout avec des aubergines à la tomate et des brochettes de köfte et même du jus d’orange pressé. Bref, finalement le vol s’est bien passé et c’est en vie que nous sommes arrivées en fin d’après-midi à Istanbul (pfiou).



Et là, chaleur, bonheur, taxi direction Karakoy. Sur la route, des centaines de familles pique-niquent  sur les rives du Bosphore. Barbecue en plein air juste avant le coucher du soleil… on peut même fumer dans le « Taksi ». Youpi !

Arrivées au Vault Karakoy, une ancienne banque reconvertie en boutique hôtel, bonne nouvelle : on nous annonce que nous sommes surclassées.
Direction la très chic suite king size, plus destinée à un couple transi d’amour qu’à 2 copines en vacances à Istanbul. En tout cas, cet hôtel nous a tellement plu qu’il fera l'objet d'un billet à part… à suivre donc.



Les bagages posés, petit tour du quartier. Nous sommes à deux pas de la Tour de Galata,au nord de la Corne d'Or.  Au détour d’une ruelle, nous découvrons par hasard le « Galata Konak Café ». On y accède par un ascenseur comme à Budapest. N’y allez pas pour dîner (ce que nous avons fait) c’est cher et pas terrible, mais pour boire un verre au coucher du soleil, la vue sur le Bosphore y est magnifique.



A la nuit tombée, les jeunes s’attroupent autour de la tour, bouteilles de bière dans le sac à dos, guitare et derbouka en main. On pourrait croire qu’il s’agit d’un jour ordinaire en Turquie et pourtant c’est le soir de l'élection présidentielle. Et la grand gagnant, c'est bien sûr Recep Tayyip Erdogan.

Dans un café sans prétention, nous faisons la connaissance d’Ufuk, un musicien du quartier. « Les gens sont un peu blasées. Vous ne verrez personne célébrer la victoire d’Erdogan à Galata ou Beyoglü, et peu de gens pour manifester aussi, même si, à Istanbul en tout cas, beaucoup de jeunes aimeraient le voir partir. Ailleurs en Turquie, ils sont sans doute plus conservateurs que nous. En tout cas, avec ce gouvernement, on doit rester sur nos gardes. Nous on tient à la laïcité. Je suis musulman, mais je ne veux pas d’un Etat islamique. Si les gens veulent boire de l’alcool, qu’ils le fassent. Si les femmes veulent mettre une minijupe ou un niqab, c’est leur choix. On veut juste rester libres. »



Ufuk décide ensuite de nous guider dans Istiklal, une longue rue piétonne bondée de monde, entrecoupée de ruelles et de passages dévoilant d’innombrables petits bars et boites de nuit.



Notre guide improvisé nous emmène dans son bar rock favori, le Arsène Lüpen dans Beyoglü, à deux pas de la place Taksim. « C’est calme ce soir » nous lance-t-il, d’un air dépité…Un calme très relatif, le bar étant quand même bien rempli. Chaque jeudi, Ufuk s'y rend pour leurs boeufs musicaux, tout le monde le connaît ici. Guitariste, chanteur, professeur, propriétaire d'une boutique d'instruments de musique à Galata, il mélange répertoire rock et musique traditionnelle turque.


  Alors forcément, pour finir cette visite d’Istanbul by night en beauté, Ufuk nous fait un petit concert privé sur les collines, avec vue sur la Mosquée bleue, et les bateaux de croisères.










De retour à notre hôtel, nous faisons la rencontre de Dorçan, un Français d’origine turque, qui nous offre un dernier thé avant de dormir. Le sujet des élections revient sur le tapis.

« Je pense que les Turcs ont surtout voté pour Erdogan pour son bilan économique. La Turquie ne s’est jamais aussi bien portée, et même s’il y a eu des dérapages, je pense que les Turcs, même s’ils deviennent de plus en plus conservateurs, tiennent beaucoup à la laïcité. On n’est ni un pays arabe, ni un pays européen, disons qu’on est entre les deux et on a un président un peu aussi entre les deux. »
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